La mobilisation générale est prononcée pour le 2 août 1914.
Le 22 septembre 1914, les troupes allemandes entrent dans Xivray.

Anatole DILLON (1844-1928) a consigné dans un petit carnet ses souvenirs de l'arrivée de l'armée allemande à Xivray et de de captivité.

"Le mardi 22 septembre, après avoir donné à manger aux chevaux chez Adrien, on frappe à la porte à coups redoublés. Je vais ouvrir : c’étaient les Prussiens. Ils m’ont saisi et emmené, baïonnette au canon, et moitié habillé, sans me donner le droit de rentrer chez moi, me conduisant à l‘Eglise et espérant n’y rester que la journée. Mais loin de là : c’était pour ne pas rentrer.
Lorsque les hommes de Xivray y furent tous arrivés, le Colonel nous dit : « on vous fait entrer ici, Messieurs, c’est pour votre sécurité et pour vous empêcher de renseigner l’armée Française. Le premier qui cherche à s’évader sera fusillé. » On nous a apporté à manger vers onze heures et chacun à sa famille. Nous avons bien mangé. Mais c’était pour longtemps sans se revoir, hélas."

Les prisonniers civils en partance pour Bayreuth
Les prisonniers civils regroupés dans l'église de Xivray

Images de Xivray-Marvoisin pendant la guerre

Photo aérienne Xivray – Juillet 1916
Photo aérienne Xivray – Juillet 1916
Photo aérienne Xivray – mars 1918
Photo aérienne Xivray – mars 1918
les tranchées
les tranchées
Tranchées allemandes traversant le cimetière de Xivray
Tranchées allemandes traversant le cimetière de Xivray
tranchée de Marvoisin
tranchée de Marvoisin
La bataille de Xivray Marvoisin – 16 juin 1918
La bataille de Xivray Marvoisin – 16 juin 1918

Marvoisin bombardé 1916

Le récit d’Anatole DILLON - transcription intégrale

Anatole DILLON (1844-1928) a consigné dans un petit carnet ses souvenirs de captivité en 1914, sous le titre
« Dillon Anatole à Xivray-Marvoisin Département de la Meuse réfugié à l’Assomption à Nîmes Gard – et sa femme en résidence à Pagny-sur-Meuse chez Mr Adam Maréchal Meuse ».
En 1914, il était âgé de 70 ans.
Outre ce récit, ce carnet contient : un relevé des biens acquis par Anatole Dillon et Pélagie Parantin depuis leur mariage, la transcription de lettres envoyées à des administrations après son exode, et d’autres textes divers.
Le texte ci-dessous est la transcription de ce récit. Les seuls aménagements apportés ici, pour assurer une meilleure lisibilité, sont :
- correction de l’orthographe ,
- ajout de la ponctuation,
- ajout de titres intermédiaires.

L’année terrible de 1914-1915
Récit de ma captivité Dillon Anatole

La capture (mardi 22 septembre 1914)

Le mardi 22 septembre, après avoir donné à manger aux chevaux chez Adrien[1], on frappe à la porte à coups redoublés. Je vais ouvrir : c’étaient les Prussiens. Ils m’ont saisi et emmené, baïonnette au canon, et moitié habillé, sans me donner le droit de rentrer chez moi, me conduisant à l‘Eglise et espérant n’y rester que la journée. Mais loin de là : c’était pour ne pas rentrer.

Lorsque les hommes de Xivray y furent tous arrivés, le Colonel nous dit : « on vous fait entrer ici, Messieurs, c’est pour votre sécurité et pour vous empêcher de renseigner l’armée Française. Le premier qui cherche à s’évader sera fusillé. » On nous a apporté à manger vers onze heures et chacun à sa famille. Nous avons bien mangé. Mais c’était pour longtemps sans se revoir, hélas.


De Xivray a Richecourt (mardi 22 septembre 1914)

On a commencé à bombarder vers 3 heures du soir et continué jusque la nuit sur le village mais principalement sur le clocher qui était un lieu d’observation. Nous étions couchés contre les murs car c’était effrayant, personne des nôtres n’ont reparu à l’Eglise et le soir, vers 6 heures, on nous a emmenés à l’Eglise de Richecourt, au milieu de l’ennemi et toujours baïonnette au canon, en nous renouvelant la sentence que le premier qui chercherait à s’évader serait fusillé. Nous avons jeté un coup d’œil derrière : toutes nos maisons étaient en feu. En descendant les quartiers une voiture en flammes et le cheval tué. On voyait les villages étaient en flamme. Il était nuit. On nous emmenait à l’Eglise de Richecourt. Les hommes du pays y étaient déjà depuis la veille enfermés. Là encore ont nous a réitéré la sentence. Aussi lorsque nous allions pencher de l’eau nous étions gardés. Et un à un, il s’en trouvait quelque fois une vingtaine à attendre à la porte passant l’un derrière l’autre. Et toujours assis sur les bancs jours et nuits, on avait froid. Les personnes charitables nous donnaient des effets. J’ai reçu un pantalon et une vareuse de ses frères (Marie Rouyer), des vivres de ce qu’elles pouvaient, mais ils n’y avait plus de pain ni de pomme de terre ni de café. Charles Arnould a tué un cochon du Guillemin et il y avait du sang dans la cour. Le colonel a envoyé les deux Arnould le laver et comme ils bombardaient, une bombe a tombé sur le fauteuil de M. le Curé que le colonel venait de quitter. Un éclat a venu frapper Charles Arnould à la jambe en lui faisant une forte blessure. Il a été apporté à l’Eglise. Le vendredi on mangeait cette viande sans pain. Le samedi matin point de café, une pomme de terre a chacun. On ne donnait pas droit de sortir. Il n’y avait plus rien et à midi. A deux heures le bombardement a commencé et avec acharnement, perçant les murs et la voûte, mais a trois heures la voûte s’est effondrée totalement, nous ensevelissant sous les décombres. Il y en a eu beaucoup des blessés. Heureusement que j’avais une couverte sur le dos ; je me suis relevé quelques instants après. Heureusement aussi qu’il y avait une porte à la sacristie pour nous sortir car la porte principale était obturée de décombres. nous sommes rentrés dans la cave de M. Couchot où nous sommes restés jusque la nuit. Et l’on bombardait toujours. De là, le colonel nous a fait sortir. Le curé de Richecourt a dit aux femmes elles étaient libres de suivre leurs maris, ce qu’elles ont fait, et sans nous dire ou nous allions. Beaucoup de maisons étaient en feu et, sur le pont, nous avons regardé le pauvre village de Xivray pour la dernière fois. Il était en feu.

De Richecourt a Essey (Samedi 26 septembre 1914)

Nous sommes allés à Essey dans l’église, mais on bombardait encore. Les vitres tremblaient. Nous y avons passé la nuit, et sans manger depuis la pomme de terre de midi à Richecourt.

D’Essey a Beney (Dimanche 27 septembre 1914)

Le lendemain nous sommes partis en laissant le Coiton. Il ne pouvait plus marcher. Nous avons passés par Panne. Là, il y avait une masse de prussiens. Là, ils nous ont donné du pain car nous avions faim. A Essey nous n’avions vu personnes ils étaient tous cachés. A Panne ils avaient eu sept tués par le bombardement de quelques jours avant. M. Jaspard, Maire de Panne, passant dans la rue pour aller à la mairie délivrer un laissez passer à un homme pour aller aux pommes de terre, ils se sont vus contraint de suivre le convoi par le colonel qui leur a dit : « je vous fait mes prisonniers. Suivez la colonne. » A moitié chemin de Béney, on a fait la halte. On nous a donné un morceau de fromage. Nous sommes désaltérés dans le fossé de la route. Il faisait chaud. Il était onze heures. De là nous sommes allés à St Benoit. Le château était plein de blessés prussiens. On nous a fait entrer dans l’Eglise, mais elle était trop petite pour nous contenir. Là nous avons laissé Orthense Rouyer de Richecourt. Nous sommes revenus à Beney. Il faisait tellement chaud et nous étions tellement altérés qu’il nous a fallu que l’on nous rationne à la fontaine du milieu du village. Là nous sommes entrés à l’Eglise et encore y passer la nuit. Là, la nuit où nous avons reçu à manger par Pol Jacquemot, nos deux Louis, car nous étions toujours ensemble, je lui ai demandé un mouchoir de poche car j’y ai attrapé un gros rhume. Nous y sommes restés deux jours.

De Beney a Chambley

De là nous sommes partis pour Thiaucourt. Nous sommes restés longtemps devant l’Eglise mais, pour quelques empêchements, nous ne sommes pas entrés. Nous y avons laissé le Chevalier de Lahaiville, encore mourant. On nous a conduits devant chez M. Hourlin. Nous y sommes restés longtemps. Il m’a reconnu et donné un peu de pain et du lard. De là, on nous a fait repasser par le derrière et nous avons resté une heure avant d’entrer sur la route pour laisser le convoi prussien chargé de grands sapins comme pour établir des ponts sur les rivières. Nous sommes arrivés à Xammes pour souper. On nous a donné de la viande sans pain, il n’y en avait plus. Et toujours à l’Eglise, M. le Curé de Richecourt nous a dit la Messe car il nous la disait tous les jours.   

Nous sommes partis pour Chamblay dans le fond de Xammes. Ils nous ont fait mettre sur le côté de la route pour laisser passer leurs Altesses de Prusse, comme ils nous ont dit. Ils étaient en nombre de sept autobus et cela pour les saluer et bien fort. En passant par St Julien, j’avais bien soif. J’ai demandé, à une femme qui nous regardait passer, un verre d’eau. Elle a couru pour me rattraper dans les rangs et moi aussi pour regagner ma place. Je ne voulais rester en arrière, car ceux qui étaient recevaient des coups de crosse.

Enfin nous sommes arrivés à Chamblay.

Le trajet en train de Chambley a Bayreuth

Entrés à l’Eglise, on nous a fait sortir aussitôt pour nous rendre dans la prairie et nous y donner le café mais sans sucre et en quantité, aussi du pain. C’était pour nous faire monter en chemin-de-fer pour y rester cinquante trois heures. Nous avons descendu à .................[2] pour prendre le café, mais il était préparé par la Croix Rouge de Prusse. Il était bon et en quantité. Il était temps.

Nous avons traversé beaucoup de tunnels, au moins une vingtaine, car se sont des montagnes de rochers dénudés de terre : très peu de cultures, mauvais sols, des petits sapins, très peu de culture. Chaque quatre ou cinq kilomètres, il se trouve une colline de deux km de large et trois de long. Là, il se trouve un petit village allongé dans la colline. Toutes les maisons n’ont que quatre ou cinq mètres carrés et trois ou quatre mètres de hauteur et bâtie tout en brique rouge. Il se trouve une Eglise aussi bâtie en briques. Une petite prairie dans le milieu qui est beaucoup morcelée et mauvaise. Les terres sont petites, plantées de pommes de terre, de betteraves et à sucre, du seigle qu’ils mettent en petite meules et des plantations de houblon mais maigre.

Les villes sont aussi bâties en briques. Nous sommes enfin passé le Rhin a ................[3]. Enfin arrivés à Bayreuth à dix heures du soir.

L’arrivée a Bayreuth

Sur le parcours de la gare à la caserne où nous devions nous rendre, la foule était sur notre passage et nos gardiens avaient beaucoup de peines à faire le passage, car ils auraient voulu nous battre. Ils nous crachaient à la figure en nous criant « Capoute ».

Nous sommes enfin arrivés à notre caserne qui était une écurie où on avait secoué la litière pour nous coucher. On nous a donné du pain et nous sommes couchés. J’avais pour voisin M. Riocourt, âgé de 73 ans. Il n’a pas dormi de la nuit. Il avait été maltraité par les prussiens sur le parcours de la gare à la caserne. Il est mort quelques jours plus tard.

Sont allés à l’hôpital : Collot Joseph, Odile Billon[4] femme Mulot, Charles Bigerel, Auguste Rubis, Joseph Toussaint, la mère Dillon, Cadet Billon, Emile Pierre de Lahaiville et aussi toutes les femmes.

Le déménagement au gymnase

Nous sommes restés un mois environ dans cette écurie. L’eau ayant été trouvée mauvaise, on nous a fait changer pour retourner dans une salle de gymnase. Nous étions mieux. Nous couchions toujours sur la paille. On nous a établi des lavabos mais, pour nourriture, toujours la même.

M. Riocourt est mort le 4 octobre, le 12 la mère Dillon, le 20 Cadet Billon, le 30 Emile Pierre.

Le 10 novembre, le Général a venu et nous a assemblés dans la cour. Il nous a dit : « Je viens vous apprendre une heureuse nouvelle : vous êtes déclarés innocents et considérés comme des fugitifs et vous repartirez bientôt je crois. » Nous l’avons remercié. Mais loin de là car pour repartir nous ne savons pas encore le jour. Loin d’être des fugitifs puisqu’on nous a emmenés malgré toutes nos pleurs, les femmes ont suivi leurs maris on les laissait libres mais que faire.

J’ai resté jusque le 14 novembre sans recevoir de nouvelles de notre famille ce qui me mettait dans l’inquiétude. J’étais heureux d’apprendre qu’ils étaient encore tous existants.

La Saint-Nicolas 1914

Dans ce pays les fêtes sont observées le jour de St Nicolas. Après midi, M. le Curé a chanté et fait accompagner par les hommes et femmes avec lui la légende de St Nicolas. Le soir, après souper, on a donné des caisses de bière. Tous les hommes assis près du Curé, il a fait chanter une chanson chacun à son tour.

Quand mon tour est arrivé, j’ai chanté une pour moi qui était bien composée à cette occasion. Je leur ai dit : j’ai chanté « Zélie n’est plus, ma douleur est amère, Dieu m’a ravie celle que mon cœur aime, etc ». Les demoiselles aussi ont chanté. Quand mon 2ième tour est arrivé, M. le Curé insistait. Je lui ai répondu que je le sermonnerai aujourd’hui et que ce serait à son tour demain. Et j’ai prêché le sermon en proverbe : « Tant la Cruche va a l’eau qu’a la fin elle se casse ». Ces paroles sont tirées de Théodule Corneille Molière et compagnie Snagarelle a Don Juan acte 5 scène 3.

Mes très chers Frères cette vérité devrait faire trembler tous les pécheurs, car Dieu est bon mais aussi qui aime bien châtie bien etc. qui a été très applaudi.

Noël 1914

Le samedi le 19, on nous a dit qu’on allait préparer l’arbre de Noël, dans la crainte que nous soyons repartis pour le 25, que le Général viendrait avec son escorte et aussi des chanteurs et un harmoniste et cela après souper. Ce dimanche on nous a offert à chacun un effet. Moi et lui nous avons eu une paire de chaussette.

En effet l’arbre de Noël est superbe. C’était un sapin élevé sur une table. Il avait 3 m de haut et qui après toutes les branches il y avait des clinquants. A six heures on a soupé du café avec double ration de pain pour faire la fête, après quoi on nous a fait mettre droits et découverts devant nos lits en attendant son arrivée. Mais il n’y a venu que les femmes, des demoiselles. Elles étaient une dizaine et aussi joué de l’harmonie. Elles ont toutes chanté et aussi celles de chez nous.

Mais le Curé m’avait averti que la Dame du Général qui avait déjà venu et qui savait très bien le Français regrettait de na pas être venu à la St Nicolas pour entendre mon sermon. C’est pourquoi M. le Curé m’a prié de le recommencer et que, dans la crainte de m’attendre, que je le copie, que je n’aurai qu’à jeter l’œil, ce que j’ai fait. Et lorsque on a eu fini de chanter, M. le Curé a venu me chercher et placé au milieu de la salle, que j’allais répéter le sermon que j’avais prêché le jour de la St Nicolas. Lui ayant répondu que je ne répétais pas deux fois le même sermon, il a insisté, et ce que j’ai fait et aussi prêché les douze maximes qui suivent pour se conduire sagement en ce monde. J’ai été très approuvé le lendemain.

Cette dame du Général m’a fait amener par un de nos chefs dans une chambre voisine. Il y avait au moins 7 grands personnages. Elle m’a remercié de mon sermon car elle savait très bien le Français et qu’elle l’avait très bien compris. Elle me remerciait, si je voulais accepter un verre de bière, ce que j’ai accepté de grand cœur. Puis elle m’a demandé si j’avais trouvé l’arbre de Noël bien beau. Je lui ai répondu que oui très beau et après avoir fait quelques éloges sur l’arbre de Noël, elle m’a dit qu’en France on ne faisai pas un arbre de Noël comme cela, mais je ne me suis pas tenu pour battu. Comme elle m’avait dit qu’elle avait resté trois mois à Paris et qu’elle avait été faite prisonnière et qu’elle venait d’arriver, je lui ai répondu que si elle avait resté a Paris pour le jour de Noël, elle aussi aurait vu un bel arbre de Noël, oui mais pas dans la campagne ou chez des riches. Après vingt minutes la conversation a quitté.

Le vendredi, jour de Noël, le Général a venu nous voir, a dit à M. le Curé que si il le voulait, il resterait en Bavière. Il a répondu qu’il acceptait à condition que l’on renvoie ses paroissiens. Il lui a été répondu que si il ne tenait qu’à lui il ouvrirait les portes, mais que nos compatriotes ne nous réclamaient pas et qu’il n’était pas poli.

Le dimanche la messe a été célébrée par l’abbé Mathieu, soldat Français, adjudant prisonnier de guerre, ordonné prêtre aux dernières ordinations. Il a prêché sur la naissance du Sauveur. Suivant la mode du pays, après la messe, il a fait l’apposition des mains comme ayant dit sa première messe, et tous les assistants à genoux devant l’autel, comme si eu été pour communier. Il a apposé les mains sur la tête de tous, après quoi il nous a donné en guise de pain béni à chacun quelques gouttes de vin blanc. Le soir le Général a venu nous rendre visite. Il n’a rien dit de favorable.

La nouvelle année 1915

En Bavière, le jour du nouvel an, à minuit juste, les cloches nous ont réveillés. Nous en étions averti, c’est la mode du pays. Le café à huit le lendemain et sans être chaud ; les cuisiniers avaient fait la noce. A 9 heures la messe nous a été dite par l’abbé Mathieu car cela a toujours été lui depuis sa première messe. M. le Curé de Richecourt allait dire la sienne en ville. Il gagnait

A 10 heures, le Général a venu nous faire ses souhaits de bonne année et de bonne santé. Il nous a présenté son gendre et son petit fils âgé de 10 ans. Nous lui avons demandé de nous rapatrier et il nous a répondu qu’il ne savait pas, que les affaires n’étaient pas encore arrangées.

A midi, de la choucroute pas cuite et de mauvaises pommes de terre en robe de chambre ; mauvais repas. Le soir, un petit bout de saucisson sans pain ; mauvaise nourriture toute la journée et peu réconfortable pour nos malades qui sont en bon nombre en trois jours de temps car on en a conduit trois à l’hôpital : le Pécheur, le Crème et le Bigerel. Le Samedi encore mauvaise nourriture.

Le dimanche 3 janvier 1915, M. Jaspard, maire de Panne, ancien instituteur de St-Baussant, a remercié le Général par écrit des bons souhaits de bonne année et de bonne santé qu’il a venu nous faire, que lui et ses compagnons lui envoyaient leurs meilleurs souhaits et tous les hommes l’avaient signé.

Changement de logement (5 janvier 1915)

Le 5 janvier nous avons reçu des tables Turnhall est un bâtiment devant lequel il y a une cour de 60 mètres carrés où on se promène quand il fait beau. Autrefois elle était une salle de gymnase. Il y a une tribune où est le logement des femmes. Les paillasses sont tournées la tête au mur. On leur a monté des tables pour elles manger. On leur a établi des cabinets, descendent dans un gros cors en ciment qui était installé dans la cuisine que l’on avait encore établi, mais mal cimenté cela passait. Il y a fallu ?????? la cuisine.

Dans la chaudière qui contenait un hectolitre servait à faire chauffer de l’eau pour nous laver. On avait aussi établi trois cellules dans l’intérieur du bâtiment près des lavabos où on doit se laver une fois par semaine dans un baquet de 15 litres d’eau que l’on a fait chauffer dans une chaudière assis sur une chaise et tout nu car au porte des cellules il y a des crochets ; a côté des lavabos où tout les jours on devait y passer ou pas à déjeuner ceux qui étaient douteux passaient en reste.

Cette tribune était supportée par sept étages. Un bout faisait le passage et l’autre était placé l’orchestre.

Au rez-de-chaussée, dans le milieu, étaient quatre rangées de lits sur seize de long. Il y avait une allée dans le milieu. La porte de sortie était en face. A un bout la porte des chefs à l’autre les tables d’école des enfants faites comme les françaises, où M. Jaspard les instruit, plus le bureau et la couchette de M. le Curé, puis dans le coin le gros fourneau. Cette couchette était fermée avec de la toile. C’est à la place de ces tables d’écoliers où était installé le bel arbre de Noël sur une table, là où on nous a dit la messe tous les jours et encore le dimanche, maintenant par M. L’abbé Mathieu, soldat français adjudant prisonnier de guerre.

Le mois de janvier 1915

Le 6 janvier, le Webel chef a venu nous dire au revoir à tous les groupes en nous serrant la main. En partant, il a dit adieu a tous et en bon français.

Le 8, on nous a averti qu’une certaine somme avait été votée par le gouvernement français, mais nous n’en avons jamais rien vu et cela était, disaient-ils, pour des effets d’habillement.

Ce même jour, le major a venu nous rendre visite avec son escorte mais ne nous a rien dit. Ils ont parlé au bureau et c’est tout.

Le 9, le général a venu vers 4 heures du soir nous remercier des bons souhaits qu’on venait de lui envoyer par écrit, et qu’il espérait bientôt la paix et que les Français seraient amis des allemands. Il a fait le tour de la salle et encore des tribunes des femmes.

Le 12 janvier on a enlevé toutes les paillasses et déposées à la cour pour être battues et aussi les couvertes du premier carré car on a reconnu qu’elles étaient pleines de poux apportés par Justine Mulot et ses trois fous qui avaient apporté cette vermine de chez eux car ils sont passés au nettoyage et au chlore, puis le 15 on a repris notre carré.

A partir de cette époque, le pain est devenu plus mauvais, et on a économisé. On ne donne plus de vin [qu’] aux riches qui le payent 2 fr. 50 la bouteille de 60 centilitres. La bière et le tabac étaient beaucoup rationnés ; cela ne me privait pas car je n’en usais pas.

Le 16 le général a venu demandé au Curé de justifier comme quoi il était prêtre, que c’était le ministre des cultes qui le demandait.

Par suite des fenêtres restées ouvertes toute la nuit, du 17 au 18, tous nous avons eu froid. Beaucoup ont tombé malade et on a été à l’hôpital. Mais, quoique bien malade à 39 degrés de fièvre, je n’ai pas voulu y entrer comme les autres. A 2 heures du soir, le Grisson nous donne du lait ; je lui en avait demandé mais il m’a répondu non. Le lendemain j’en ai eu, c’est le chef qui a voulu. Le lendemain, le chef n’y était pas, beau réclamer à ce mauvais Grisson, je n’en ai point eu, toujours pour les gros gourmands comme dans les églises car il avait déjà pris cette hardiesse de partager ces deux gros gourmands. A. et C. se vu faire des reproches pour s’être fait porté malade pour ne pas aller à la messe pour, pendant ce temps, gaspiller le café et le sucre en donnant une petite pièce au cuisinier.

Le 26, le général et l’inspecteur des hôpitaux ont venu nous rendre visite. On était à dîner . C’était du riz. Il nous a dit de continuer, ce que nous avons fait. Ils ont été parler à M. le Curé. Ils auraient dit que nous ne pouvions pas revenir dans notre pays, que l’on s’y battait toujours. Ils sont repartis sans aucune observation.

Le 28 janvier, le général a venu nous avertir que les femmes et les enfants en dessous de 16 ans, ainsi que les hommes au dessus de 60 ans, allaient repartir demain. J’étais de ce nombre, j’avais 71 ans.

Rapport à la formation du train, nous n’avons pu repartir que le 30.

Pendant la nuit du 29, Charles ARNOULD a eu une attaque et 3 médecins ont été après lui toute la nuit. Le matin, il allait mieux.

Le matin, on nous a donné à déjeuner comme à l’ordinaire. A midi, le commandant est venu nous faire des derniers adieux.

Nous avons dîné à midi des carottes. On nous a donné du pain et de la saucisse pour le soir dans le train. En nous quittant, le Webel nous a serré la main à tous. Nous étions sur 4 rangs et conduits par nos gardiens qui étaient très convenables. Pour moi, jamais je n’ai eu à me plaindre d’eux.

De Bayreuth à Rastatt (30 janvier 1915)

Nous quittons la cours, il est 1 heure ½ du soir. A 2 heures, nous montons dans le train où nous passons pauvres terrains. Vous rencontrez de petits villages bien espacés où il y a une église bâtie en briques et aussi les maisons qui nous ont à peine 4 m. carrés et 4 m. de haut à la pointe qui est beaucoup en pente. C’est des tuiles plates et à crochets. Il y a une petite gare. Cette colline de ces villages, peut y avoir 2 km de long entre les rochers qui sont très élevés et tout noirs sur 1 km de large. Quelques petites meules de paille de 4 m. de circonférence et 4 m. de haut. De petites parcelles de terre de 3 m. de large. Des petites parcelles de prés de 2 m. de large et limitées par des piquets et une rigole entre chaque car ce n’est que des joncs. Un petit chemin qui a 2 m. de large car ils n’ont que des petites voitures à vois étroite. A chaque G.K. nous rencontrons un petit village passé.

Les villes sont rares pour arriver à Rastatt, et bâties comme les villages, en briques et de très petites fenêtres. Des villes d’industrie. Les roches sont couverts de sapins. On fait quelques plantations de sapins aux endroits friches, aussi de bouleaux, mais pas d’autre essence de bois, peu d’arbres fruitiers et maigre. Souvent nous passons contre un rocher qui est taillé tout droit, qui a 200 à 300 m. de hauteur et enfin sous le tunnel qui varie de 3 à 4 km de long. Pour arriver de Bayreuth à Rastatt, nous en avons traversés au moins 20.

Rastatt

Nous sommes donc arrivés à Rastatt, ville du duché de Bade. Quitté la gare à 7 h. du matin. Nous sommes entrés dans une forteress et au dernier étage, logés sans feu et en si grand nombre que l’on ne pouvait pas se coucher. Il étaient tous plein de poux et très mal vétus. Nous avons le matin à 9 heures le café, à midi un hareng et le soir du café et du pain pour la journée. D’autres fois du riz à midi. En résumé mauvaise nourriture. Nous étions trop de dix mille. C’était là où on formait les trains.

A 10 heures du soir il est encore arrivé un train qui en amenait cinq cents. Il a fallu se tenir droit toute la nuit. De ce train sortait des gens de Hanonville, de Montsec, le (ou la ?) Dillon et autres, le (ou la ?) Forquignon, blessé dans l’église de Montsec et le Toussaint y a été tué.

Le mardi soir, on délivrait du pain et du café noir et sans sucre, c’était pour souper. La foule se pressait tellement que l’on étouffait sur le point d’entrer dans la porte de la cuisine, là où  on recevait le café et le pain de la journée. Poussés par la foule, j’ai fait un pas en avant ; le prussien, dans sa colère, m’a pris et m’a poussé de côté. Mais sa colère n’était pas passée. Il m’a repris et renvoyé sans avoir et m’a brutalisé à coups de poing et de crosse de fusil dans le dos. Il était 8 heures du soir, depuis 5 heures nous attendions. M. Jaspard et Louis Bigerel, trop indignés de cette sauvagerie, m’ont donné un verre de leur café. Ce mauvais était un alsacien. Le lendemain, j’étais malade, je n’ai pas pu me lever, on me l’a apporté. Les jours suivants, cela s’est mieux organisé.

Le mardi soir, un appelé Lefer de Dommartin-la-Montagne m’a reconnu, ayant été ensemble à la noce de Dillon de Buxières, c’est un beau-frère, il a pris une sœur de la Génie L’hote, femme Dillon.

Le soir, après le café, on a fait l’appel de nos gens de Bayreuth qui était de 80, mais Auguste Rubi allait mourir et par le curé de Richecourt, nous étions donc 79. Pour repartir, il n’y a eu que les femmes et les préférés par M. 21 sont restés jusqu’à noouvel ordre, il y a eu 21 femmes des autres pays et qui s’opposaient à cause de quitter leur mari. Sans doute que nous ……………. ? gêné.

Le dimanche, les femmes sont allées à la messe en ville. Le lundi nous n’avons pas eu de café le matin et rien autre chose. J’ai appris que Huguin Eugène et Henriette[5] et leur fille étaient partis à Grimaucourt et que leur fille avait un bon-ami de Lamonville.

M. Jaspard de Pannes a été volé à Bayreuth. Il s’en est aperçu à Rastatt. Il avait enfermé dans sa valise 700 fr. Ils les croyait bien sûr mais loin de là. Il était trop confiant. La fille Willem qui le lavait, elle prenait la hardiesse de remettre ses chemises dans sa valise le temps qu’il se promenait dans la cour, car ils étaient dans un compartiment qu’il croyait sûr. La fille Willem est fortement soupçonnée. A Bayreuth elle n’avait plus de sous. Elle avait emprunté 1 fr. et à Rastatt elle a changé une pièce de 20 fr. et fait beaucoup de frais pour des friandises, et c’est des pauvres, elles sont de St Gibrain. Elles étaient venues chez Charles Soyet l’an dernier. Elles ont été en prison pour vol.

De Rastatt a Uzès (du 9 au 11 février 1915)

Le 9 février ont nous a inscrit 450 pour repartir le lendemain. Le 10 nous sommes partis à 5 heures du matin et sans avoir pris le café. On a été 2 heures à faire l’appel et nous avons été à la gare et partis à 8 heures. Après avoir traversé 25 tunnels et 5 gares à ………………..? nous sommes arrivés à Schaffous [6].

En arrivant, on nous a fait descendre pour prendre le café au lait, puis on nous a fait faire le tour de la ville et visité une église catholique. On nous a conduit chez un coiffeur pour nous faire raser puis dans un établissement pour recevoir des effets. J’ai reçu deux chemises, un pantalon, un mouchoir de poche, deux paires de chaussettes, un pardessus. Puis aller souper un bouillon au tapioca, des pommes de terre, et un bout de saucisson. Des cigares à volonté et un concert de musique mais en allemand.

Nous sommes entrés dans le train à 11 heures du soir. Nous sommes arrivés à Genève à 7 heures du matin. On nous a conduit prendre le café après quoi nous sommes entrés dans une grande salle pour y prendre nos noms et professions, les noms de nos pères et mères et domicile, département, afin de justifier notre passage et rentrer en France, et nous sommes allés dîner une tasse de soupe, des macaronis, un bout de saucisson, mais je ne l’ai pas tenu longtemps, je l’ai rendu étant dans le train.

Je croyais bien ne pas vous revoir, c’est pourquoi j’avais écrit que j’avais emprunté 40 fr. à Louis Jacquemot. Là aussi on nous a fait l’échange de notre argent allemande pour de la française.

Le train s’est mis en marche à 5 heures du soir et nous sommes arrivés le lendemain à la nuit à Uzèse[7].

Uzès

J’avais encore cru faire le chemin de la gare au restaurant qui était de deux km. mais je n’ai pas pu, il a fallu monter en voiture. Après avoir soupé j’ai mangé un bol de nouilles sans pain ni viande et un verre de vin. Nous sommes venus coucher à la mairie, au dernier étage, où beaucoup y avaient déjà couché, car la paille était toute fraîche et comme de la hasselle. Nous avons eu froid. J’étais à coté de Guillozet. Nous n’avons pas dormi. C’était le 11 février et il avait gelé.

Le lendemain, j’étais toujours plus mal. J’ai demandé une consultation du docteur qui m’a prescrit un repos de 20 jours, me trouvant beaucoup de fièvre, une bronchite aigüe, de l’asthme et de l’emphisème et faible de sang. Entré à l’hôpital mais à Nîmes car à Uzèse il n’y avait pas de place. Arrivé à l’infirmerie le 11[8] à 8 heures du soir, j’ai eu la visite du docteur le lendemain à 9 heures qui m’a trouvé le même genre de maladie et d’user les médicaments qu’on m’avait donnés la veille à Uzèse. Le 17 à 8 heures du soir on m’a apliqué un cataplasme de moutarde dans la dos qui m’a beaucoup brûlé. A 3 heures du matin, on m’a fait prendre une médecine qui a commencé à 2 heures du soir. Le 19 le docteur m’a pris la température qui m’a toujours trouvé 38°. Toujours à la diète et encore la moutarde plus forte. Compresse à 9 heures du soir, on me l’a laissée 1 heure. Le 20 le docteur a venu à 9 heures, il m’a encore trouvé 38°4 cent.. Il m’a ordonné de boire beaucoup de tisane de queues de cerise, c’est pour les urines. Dimanche 21 février, pendant la nuit, on m’a appliqué de la teinture d’iode dans le dos. Le 22 à 9 heures le docteur m’a pris la température. Elle n’était plus que 37°7 de fièvre et qu’il m’autorisait à prendre un demi verre de vin après le repas du soir, un peu de soupe, un peu de tapioca et sans vin. Le 29 le docteur m’a trouvé 38°4. Il m’a fait prendre une potion de fleur de soufre, le soir un cachet de quinine. Le 24, 37°7. Toujours du quinine et ne pas encore me lever. Cependant je suis fatigué d’être toujours au lit. Le 25 et le 26 pas de changement. Le 27 il n’a plus trouvé que 37° de fièvre, que je pouvais boire un peu de vin avec de l’eau et me lever et rester dans la chambre. Le 28 je me suis levé à midi. J’a été dans la cour 2 heures mais point de jambes. Quand je n’aurai plus de fièvre, je me payerai un peu plus de vin car le règlement est de un verre de vin par repas et du vin à 20 cent. le litre. Ce n’est pas assez, la nourriture à l’huile n’est pas assez réconfortable.

Le 3 mars, Joseph SIMON, qui couchait à côté de moi, est mort à 9heures du matin. Le lendemain, c’était mon autre voisin. Le 4 mars, il y avait déjà 15 des morts de notre chambre qui en contient 10 lits, et cela depuis mon arrivée.

Description de la ville de Nîmes

Ce qu’il y a de remarquable à Nîmes, c’est le jardin de la tour Magne, dite la tour du Diable et située sur le sommet de la côte qui est très élevée car avec une lunette d’approche, on peu voir la mer. Il y a 160 escaliers et, en tournant le sommet, est une plate-forme. Le 24 mai, j’y suis monté. Au sommet, on voit les villes et les villages et la plaine à au moins 30 km. à l’œil nu. Nous étions une douzaine en haut ; nous y sommes restés une demi-heure à contempler le pays qui est tout beau et vert, beaucoup de vignes en plaine puis après les montagnes, des oliviers, ils ont la feuille comme la souble des marais  et comme des petits pruniers. On taille les branches chaque année, c’est après ces nouvelles pousses qui produit l’olive.

Au bas de la côte, ont y remarque les ruines de temple de Diane qui était une déesse. Ses ruines sont entretenues on voit par d’aucune pierre de taille neuve. Il y a un concierge mais il aurait fallu aller le chercher loin, nous n’y sommes pas allés.

Près de ce temple jailli une source qui alimente une partie de la ville, elle fait des bouillons, qui forme un canal de 20 mètres de large et un km. de long. Il y a 4 écluses c’est de ces écluses que l’on voit la force qui jette cette source. Il y a des barques les dimanches on se promène en barque. Un parapet tout autour de ce canal et alors passe dessous la ville, on ne la voit plus. Près de cette source, il y a un jardin où il y a plus de 200 chaises en fer. On y vend de la bière et des liqueurs et sur les chemins qui montent en tournant et des rampes d’escalier un …………………. de 20 marches chacune. Il y a des statues, au moins huit, il y a des réverbères pour la nuit. Cette côte est couverte d’arbres d’agrément et d’herbes fines. On peut s’y reposer.

En ville, ce qu’il y a d’édifices historiques et très antiques du temps des romains. C’est la Cathédrale, elle est très sombre. Nous y [sommes] allés le jour de l’Ascension à vêpres. L’Evêque a donné la bénédiction.

Aussi les arènes, elles sont bâties en rondeur. Elles comptent 90 arches de 10 mètres de long sur 9 de hauteur. En face, au-dessus de ces premières, encore les mêmes Elles ont 12 mètres de hauteur. Construits par les romains et entretenus par la ville autrefois et encore l’an dernier. C’était dans l’enceinte que se faisaient les batailles des taureaux. Ces bêtes féroces se détruisaient quand ils se rencontraient et des hurlements épouvantables. Ils étaient au nombre de 200. Les 1ères places de 5 fr. les 2ièmes de 2 fr. les 3ièmes de 1 fr. C’était la mode d’ancienne date, du temps des romains et maintenue jusqu’à ce jour. C’était un revenu pour la ville.

Puis les musées. Un très antique représente l’architecture et les anciennes armes. L’autre la peinture.

Et encore la gare qui est élevée de 12 m. Il y a 220 arches de 10 m. chacune et deux au dessus l’une de l’autre et cela parce qu’elle coupe la ville en deux. Elle est faite en 1845. Pour monter, il faut verser 10 cent. par personne.

Dillon Anatole à Xivray ,    Meuse